Marseille Cap Croisette, un week-end d’octobre 2015

lundi 19 octobre 2015
22:10

« – Bon, ben les gars, c’est les nouveaux venus qui se collent au compte-rendu, ici c’est comme ça !… »

Sur cette invitation, nous nous sommes sentis soudainement très motivés pour écrire nos mémoires sur ce week end, je sais pas pourquoi…

En fait, c’est une bonne idée : ça va nous obliger à être très attentifs avec tout le monde, à recueillir plein d’infos. Pas mal, pour faire connaissance.

Première épreuve : repérer les noms, les prénoms, les surnoms, les sobriquets, et les coller sur un visage. Pas simple quand on vient d’arriver ; mais on va s’en sortir…

Rendez-vous donc au local E2V, pour transférer les bagages, faire l’appoint de gonflage, changer un joint ou deux.  Première surprise : ça en contient, du matos, un coffre de Renault 9 places ! J’aurais jamais cru ! Surtout en bouteilles : Les 15 litres, les bi, les bières, les 12 litres, le rhum, le coca…

Pour rappel : la plongée est une activité qui consiste à vider des bouteilles…

Ensuite un morceau de sandwich, et puis roule ! Droit vers le sud ! Objectif : traverser Marseille le plus vite possible à l’heure des bouchons, pour être à 17h30 maxi aux Goudes (ça, c’est pour les heureux qui partent à 13h30…  Pour les malheureux qui partiront à 18h00, désolé les gars !)

Quelques heures et ronflements plus tard, j’ouvre un œil au péage de Lançon. Cool de se faire conduire ! (au passage merci aux chauffeurs qui se sont dévoués ; on les oublie toujours). Ca roule bien, trop bien même semble-t-il pour Romain qui n’a pas résisté au plaisir de se faire prendre en photo. Le genre de portrait un peu cher qu’on préfère éviter. .. Bref, traversée de Marseille laborieuse mais efficace, au plus court (si, si, j’insiste, le sens interdit pour prendre Rabatau n’existait pas de mon temps !)  Arrivée aux Goudes dans les temps, transfert de tout le matos sur le bateau de Georges (ça va jamais rentrer !) qui est venu nous chercher, puis dernier petit bout de route jusqu’au parking du Cap Croisette. On est presque au bout du monde. Il ne reste plus qu’à terminer à pied les 200 derniers mètres, dans les rochers, et ça y est, on y est, au bout du monde ! C’est sûr qu’on passe pas ici par hasard !

Ensuite installation dans les dortoirs, avec un petit mistral… revigorant.

Pour se remettre du trajet, une douche… froide.  

Bon, pas grave, ça ira mieux demain.  Tout ça, ça donne faim… et soif d’ailleurs : quelques-uns ont déjà attaqué les premiers packs de bière (ou peut-être les packs avaient-ils attaqué les premiers, on ne sait pas. L’enquête est en cours…).

Ensuite départ pour le resto des Goudes « La Marine », où la patronne a été horrifiée par ces Grenoblois qui savent pas mettre la rouille sur le pain avant de le tremper !… Faut dire que ça se fait pas, les gars, quand même !  Enfin, quoi !  En tous cas, une bonne carte, et une très bonne soirée…

21 h, arrivée du troisième fourgon, la troupe est au complet, parée à conquérir les abysses !

 —————  ZZzzzzz  (Interlude ronflements…) —————–

Samedi matin, plus de mistral (Yess !) et du soleil (re-Yess !!), le tout dans un cadre enchanteur, que demander de mieux ?

Le petit port de Cap Croisette, baigné par un soleil radieux aux premières heures du jour

Le petit port de Cap Croisette, baigné par un soleil radieux aux premières heures du jour

P’tit déj, explication des règles, lois, et règlements locaux par le grand chef Georges (P… , ça rigole pas !), et puis, enfin, annonce des palanquées, et gréement du matériel !…

Tout ça pour enfin déjauger, vers 10h00, et vers le large. Objectif N°1, la pointe Caramassaigne, à l’extrémité Est de Riou. Sympa de nous emmener sur cette zone si réputée, car c’est pas vraiment la plus proche du centre. Le bateau alu et le semi-rigide sont bien pleins, mais par mer plate et avec du soleil, c’est un plaisir ! Sur place briefing dans les règles (un peu long, le briefing… ou alors c’est qu’on était pressés ?) puis mise à l’eau numérotée des palanquées (c’est des anciens militaires, à l’UCPA ?)  Surtout, notre pilote nous assure : « Vous pouvez y aller, il n’y a pas de courant »…

Bascule arrière, puis belle descente dans le bleu, et les bulles. Occupé à régler l’appareil photo, je me laisse embarquer, et je me cogne au fond, quarante mètres plus bas. Ce que Greg me fait remarquer… OK, je le ferai plus… On entame la balade, vraiment belle. Un tombant comme on rêverait d’en voir plus souvent… Avec des gorgones, des gorgones, des gorgones… Violettes, blanches, jaunes, il y a le choix. Et puis, au fond, il y avait… Comment dire ? Un déplacement d’eau, assez marqué, et de face… Du courant, quoi… Rien d’insurmontable, pas de quoi décorner les nudibranches, mais du jus, quand même. Greg nous propose, Evelyne et moi, de nous éloigner vers le large, à sa suite, mais la perspective de palmer dans le jus au-dessus  du sable me fait lui proposer de rester sur le projet initial, le tombant. La faune y est particulièrement riche, tant en invertébrés divers qu’en poisson dont certains de belle taille.

Un petit coup de gonflage dans la stab pour s’équilibrer, et hop !… La stab se barre vers le haut, et moi vers le bas. Dommage… Après quelques tâtonnements, le temps de découvrir la boucle traîtresse que j’avais mal fermée, et le temps de dégreer la moitié de la stab pour fermer cette p… de boucle, il est temps de demander un coup de main à Greg pour remettre de l’ordre là-dedans…

Tout le haut du tombant est aussi beau que le bas : dentelles de Neptune, bonellies, bref que du beau.

Palier de principe pour finir (et m… :  j’ai remis du plomb après la dernière plongée en lac, mais pas assez !…) Puis retour à la base, toujours sous le soleil.

 ——-  Re-zzzzz  (sieste…) ——————————–

L’après midi, toujours soleil radieux, les mêmes palanquées, c’est reparti ! Cette fois-ci direction le rocher de Brégançon (que notre pilote, nous sachant alpins avait rebaptisé « rocher de Briançon »…) J’ai vérifié sur les cartes marine… Farceur, va !

Après un briefing un peu plus long que celui du matin, bascule arrière, et c’est parti !

Là encore, le paysage sous-marin est superbe, avec notamment une arche qui sera l’objet de bien des clichés. Et puis toujours une faune exubérante, du corail comme s’il en poussait partout, des nudibranches (doris géantes, notamment), des chapons, dentis, et aussi des mammifères marins ! (au nombre d’une trentaine, et faisant pas mal de bulles…)

Deux spécimens de ces fameux mammifères marins...

Deux spécimens de ces fameux mammifères marins…

Toute la plongée est très sympa, basée sur la visite de plusieurs grottes et trous, dont le dernier nous permet de traverser la fameuse roche de Brégançon.

Puis retour au bercail, rinçage, douche, et… Apéro !

Une sortie plongée sans apéro, c’est comme… (à terminer comme vous voulez…)

L’occasion de découvrir que l’essoreur moyen a une belle consommation… Mais sans abus. Tout ça de toutes façons ça dépend du niveau où on place l’abus. Au hit-parade de l’applaudimètre, le punch préparé par Joëlle. Selon une recette fournie par Momo, mais , comment dire… Allégée.

Bref, tout se passait bien, jusqu’au drame.

Car drame il y eut.

Un drame qui se joua en deux mi-temps, autour d’un ballon ovale, face à une équipe de petits bonhommes tout noirs et survoltés (enfin, petits sur l’écran !). Bref les All blacks ont mis une branlée à l’équipe de France.  C’est donc l’âme particulièrement peinée que nous rejoignâmes nos couchettes respectives, en pleurs.

 ————– ZZzzzzzzzzzz (ronflements again) ————————

Intermède nocturne : tous ceux qui se sont levés cette nuit-là pour aller aux toilettes (par un clair de lune magnifique sur l’île de Maïre) ont pu constater qu’il y a une sacrée vie nocturne autour des toilettes de l’UCPA la nuit…  La décence et la réserve à laquelle je suis tenu en tant que nouvel arrivant m’empêchent d’en dire plus…

 ———– re-ZZzzzzzzzzzzzz (faut bien finir la nuit) ——————–

Dimanche matin ! C’est par un super beau temps de merde que nous nous réveillons ; vent d’est sur Maïre, avec quelques gouttes de pluie à l’horizontale, ça le fait moins côté motivation !

Mais on n’est pas du genre à se laisser démotiver par trois gouttes.  Récup des blocs, gréement, vérif de la pression, habillage, équipement, c’est reparti.  Au programme ce matin : l’îlot des Moyades, à l’ouest de Riou. Un quart d’heure de nav avec quelques vagues, histoire de mettre en forme. Ah, au fait les palanquées ont changé, suite à quelques défections. Je suis avec Jean Marie et… Joëlle, une nouvelle, elle aussi…  J’espère qu’elle va pas me pourrir ma plongée…

En attendant, briefing… Long, le briefing… Très long, le briefing… Très, très long, le briefing… A croire qu’on va faire le tour de Riou à la palme… Bon il est plus que temps de se mettre à l’eau, certains commencent à se sentir pas bien.

Bascule arrière, c’est reparti.

Descente le long du tombant… Superbe…

Arrivés en bas, début du tour du tombant par la base, et là, franchement, c’est du grandiose. Verticalité, eau claire, faune, flore, tout y est !… Du très beau.

Dommage que le briefing nous ait décrit un parcours d’au moins deux kilomètres, car du coup, on l’a fait un peu vite, alors que ça méritait vraiment d’y passer du temps. Arrivés sous le bateau, 110 bar au compteur, effectivement on aurait pu faire plus long.

P.S.    Joëlle la nouvelle s’est bien comportée ; c’est OK, vous pouvez me remettre avec elle…

————-  Repas …  (au passage, chapeau au cuistot, c’était bon, c’était bien, c’était dans les temps … Super !)

Et puis la der des der du WE… Quelques défections encore : il fait moche, il fait froid, des combis étanches prennent l’eau, des combis humides sont… humides. Bref, restriction des effectifs. Pour la dernière du week end, l’épave du  Liban, à environ 453 m du centre UCPA, ça, c’est bien.

Au passage, le Liban : transport de passagers en partance pour la Corse, qui a fait naufrage au sud de l’île Maïre en juin 1903. Une catastrophe maritime énorme à l’époque… Environ une centaine de passagers décédés. Plus un scaphandrier envoyé par les secours, qui ne survécut pas à un ADD, malgré le traitement de l’époque à base de frictions à l’alcool… Nous ne mesurons pas assez  le confort et la qualité de nos plongées à l’ordi…

Mise à l’eau à l’ouest des Farillons, après un briefing de 2h47…  (« C’est curieux, cette manie, chez les marins, de faire des phrases…« ) (Les tontons flingueurs)

Palmage dans la direction approximative du Farillon sud, tas de tôles massif, ça y est on doit y être. Effectivement la longue carcasse du Liban s’étend sur tribord, assez aplatie (faible profondeur oblige…) Malgré tout une belle épave, qu’il faut avoir vue une fois au moins. Mais elle mériterait plusieurs plongées.

Nous la parcourons, avec Pascal et Olivier, sur toute sa longueur. Le restant des cales est encore accessible, les chaudières, énormes, sont impressionnantes.

Puis vient le moment de quitter l’épave, et de rallier (en principe) le Farillon sud. S’en suit une navigation de 10 minutes dans le bleu. Jusqu’à se cogner dans un rocher. Mais d’arche des Farillons, point. Quelques longueurs vers la droite, quelques longueurs vers la gauche, puis en désespoir de cause je sors mon parachute, pour une sortie pas tout à fait à l’endroit souhaité…

La suite s’est déroulée selon un planning minutieusement chronométré, retour au centre, transfert du matos aux Goudes, chargement des fourgons, puis la route, pour arriver sur Grenoble à une heure tout à fait raisonnable. Chapeau l’organisation !

Pour nous, une très bonne nouvelle expérience, avec des gens sympas ; promis, on reviendra !

Fred et Joëlle